Enfants Croisés - Histoire Deux
Date du document : 1975
Date du document : 1975
Publication : Site Joël Roussiez
On se reportera à l’émission de Veinstein du Lundi 23 Février 2009 sur France-Culture.
Publication : Contre-Feux (archives)
Publication : Contre-Feux (archives)
Date du document : Septembre 2004
Cet article de Joël Roussiez est paru dans l’Atelier Du roman N°39
Formellement :
Je ne traiterai pas de la fameuse ironie de R. Musil qui a déjà été souvent analysée et que l’on peut voir s’annoncer dès le début du livre par la référence à la météorologie énoncée de manière scientifique mais disqualifiée aussitôt par des personnifications et par un récapitulatif amusant « autrement dit, si l’on ne craint pas de recourir à une formule démodée mais parfaitement judicieuse : c’était une belle journée d’août 1913 . » Ce début bien connu en reprend de similaires ; chez Scarron par exemple : « le soleil avait achevé plus de la moitié de sa course et son char, ayant attrapé le penchant du monde, roulait plus vite qu’il ne voulait. Si ses chevaux eussent voulu profiter e la pente du chemin, ils eussent achevé ce qui restait du jour en moins d’un quart d’heure…. Pour parler plus humainement et plus intelligemment, il était entre cinq et six quand une charrette entra dans les halles du Mans. » ou chez Sénèque (d’après Paul Veynes) : « Déjà le dieu du soleil avait raccourci son trajet, déjà le sommeil voyait augmenter son horaire et la Lune…En d’autres termes c’était déjà octobre… ». J’avancerai néanmoins par ces exemples que, chez R. Musil, ce procédé est moins ironique qu’il n’y paraît, c’est à dire qu’il est moins essentiellement critique. Car, s’il semble être d’abord un moyen d’amuser et de s’amuser par une distanciation, il est peut-être aussi l’expression d’une joie à découvrir dans la formule surannée une justesse tout aussi grande que dans la description météorologique qui précède. Il s’agirait alors, davantage qu’une ironie, du plaisir de voir s’accomplir par la langue et la pensée une sorte d’unité. On pourra remarquer ainsi qu’il sert la description de la ville qui suit, laquelle ne présente aucune distanciation mais au contraire amplifie la présence émotionnelle de la ville par l’emploi de nombreux adjectifs impertinents, de métaphores et d’un phrasé mélodieux caractéristique du lyrisme. C’est ainsi que derrière distanciation et humour, ce roman affirme un lyrisme qui trouvera son exaltation thématique dans l’amour fraternel * et l’Autre Etat.
Publication : Contre-Feux (archives)
Date du document : Fin 1969
14. Lœss
A.
D’abord Damme !
Apothéose ! D’houles fleurs
Fourrant matines brugeoises crayeuses !
J’étais gisant, paupières lourdes
D’égrènements d’ifs dans le fond.
En sortant du tableau,
Me voici vain tissu :
Roses bourguignonnes du Quint,
Inbroglios cœruléens
Filant des cordes funambules.
Oranges bleuies, bouquets d’eau grasse,
Croix
Et candélabres d’argent,
Partout
Explosions farouches de lilas morts.
Date du document : 1978
Format 13 x 18cms. Cette photographie faisait partie de l‘exposition au “Quartier” en 2005
Date du document : 1978
Format 13 x 18 cms. Cette photographie faisait partie de l‘exposition au “Quartier” en 2005
Date du document : 1978
Format 13 x 18 cms. Cette photographie faisait partie de l’exposition au “Quartier” en 2005
Date du document : 1978
Format 13 x 18 cms. Cette photographie faisait partie de l’exposition au “Quartier” en 2005
Date du document : 1978
Format 13 x 18 cms. Cette photographie faisait partie de l’exposition au “Quartier” en 2005
Date du document : 1978
Format 13 x 18 cms. Cette photographie faisait partie de l‘exposition au “Quartier” en 2005
Date du document : 1978
Format 13 x 18 cms. Cette photographie faisait partie de l’exposition au “Quartier” en 2005
Date du document : 1978
Format 13 x 18 cms. Cette photographie faisait partie de l’exposition au “Quartier” en 2005. Des agrandissements avaient été effectués pour voir qui était sous les arbres ce jour-là.
Date du document : 1978
Format 13 x 18 cms. Cette photographie faisait partie de l’exposition au “Quartier” en 2005
Date du document : Décembre 1968, 1978 et 1980
Ce texte fait partie de “Quartiers de ON !” paru en 2004 aux éditions Verticales et du Livre Poétique de Nicolaï dans OGR en cours de publication sur ce site.
Ulysse par Ports et par Mer
(Lunette Arrière de la Voiture)
Bel Ulysse, aux traits distingués sous les arbres
Avec difficulté,
Aux suées sous les ifs, les aunes, les yeuses
Par les rues emporté, pluvieuses, dans la voiture,
Sur la banquette arrière, balloté,
Vois comme le vide est bon, du quotidien pulpeux
Jouant d’harmonies symboliques
Dans l’éclairage phareux des quinquets.
Le Monde est magnifique de la Nuit ;
Ton vaisseau va, rapide parmi les toiles
Claquantes du ciel, les lueurs oranges
Dont les bougnats sont ailleurs.
Et c’est un incendie de millions de figures
Que ton visage sous les saccades de poulpes de lunes
Soudaines, aussitôt changeantes,
Aux tentacules électriques.
Date du document : 1978
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Chanson d’un Iralandadais pinté dans les rues de Limer’ Hic !
Qu’est-ce que le Daily Mail disait du Home Rul ?
Accordé à l’Irlande ou non
Et de la Grêce, ce tas de ruines
Avec Aristote
ce loubard comme serviteur d’hôtel
En gilet crasseux qui nous réveille pour partir à Olympie.
Date du document : 1986
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Corn
Avant de marcher, voyons où nous sommes (“Votons !” diraient certains). En Irlande, et nulle part ailleurs. Ce ne sont ni les beaux pâturages de l’Acadie, ni la fête baroque et débordante au boudin de Bâton-Rouge, ni la liaison impérieuse du Désert & Désir de Lawrence. À peine le riche fenouil des dômes d’herbe et des scansions démoniaques où traînent Corb, Ecca et Art, et que surveillent les paissantes Matrones porteuses de médicaments.
Et cependant la viande rentre à la fois par une même bouchée goulue entre les dents de ceux qui attendent, dans les oasis fertiles en compagnie des anges tutélaires porteurs de gâteaux de miel et d’excédents surnuméraires, que la série des moutons de l’hospitalité des Haoueitates soit épuisée avec le riz graisseux, pour retrouver le pouvoir de digérer et de faire un mouvement, faisant disparaître du même coup les gros boutons sur le nez et les furoncles derrière les genoux ; la viande rentre avec le tchocolalt
fourni sur les lapins grillés, sur les hauts plateaux du Mexique, dans la bouche d’où jaillissent les démons.
Ainsi l’attaque est bonne.
Date du document : 1992
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Olympe
Ça brasse dans le pub de “L’Olympe”. On dira plus tard. Ça tient beaucoup de l’Irlande pour les bagarres avec des fanatiques d’Hawthorne, et pour la boisson comme aux sous-bois l’ondée savoureuse sur les lierres, le jour de l’averse bienvenue. Mais surtout ça se transforme sans arrêt, se métamorphose ; les Dieux n’ont plus de tenue ; ils lisent et adorent Sarduy dans le texte depuis que l’Oncle leur a fourni “Cobra”, “Maïtreya”, “Colibri”, “Cocuyo” et “Pájaros de la playa” et encore plus depuis qu’il est parmi eux ; ils se moquent l’un de l’autre, passent l’un dans l’autre ; ils sont pires que des travelos ; ça c’est “la version Cabaret”.
Pleut donc ! Cyclistes au short en bâche (bonheur du relâchement des conduits, sans futur ni passé). On voit d’ici à travers le slip du Peuple Belfast la tête du gros John London cultivateur de potatoes s’annoncer vers les vitraux d’un de ses Pubs de la semaine !
Pluie ne peut être imaginée tant qu’elle ne chute pas. Seulement ses prémices ne suffisent. Par contre, son ballet nous entraîne partout, son mol ballant, ses lignées contre lesquelles le Grand Vernisseur lutte. Jackpot soudain de la manne !
Date du document : 1989
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Vision de Jean en Bretagne.
Champ de blé frissonnant doucement. D’un côté chaleur implacable, muraille de fougères de l’autre, et, par les trouées entre les chênes, les magnolias, marécages de l’estuaire ; noirs, immobiles.
Et dessus des cormorans qui se posent, décollent, avec lenteur, sinon ne bougent.
Exaltation du marcheur celte de part et d’autre : entre le noir et le blond doré, à la démesure de la passion, de la luxure, du viol divin, du désordre hagard si cher aux amis de Cuchulainn.
De ce côté-ci, entre les murailles de fougères et les ramures énormes retombantes des chênes ensorcelés de lierre par les Femmes-Sorcières des Hautes-Terres, l’estuaire est profondément noir avec quelques endroits de luisance gris boueux-marrons et des ombres rapides qui passent dessus en même temps que les lents cercles des ailes grises et ailes noires poussant des sortes de longs hooo ! de gémissements.
Puis les revoilà, ces chers oiseaux ratés par Cuchulainn, attendant immobiles sur la boue à fond jaune fixée comme au bord de la Boyne au centre de leurs petites ombres rondes.
Du côté du chemin du bois, bruyères et ajoncs, la clairière sent le carambar.
Date du document : 1989
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Enfance de Lugaid. Bretagne
(Ronces, fougères, immenses retombées de chèvrefeuilles :
Élément torsadé par rapport aux autres parfums,
Noisetiers)
Très verts !
On va là entre deux demeures,
Mais maintenues à bonne distance
Par ces murets comblés de terre où des arbres poussent
Et d’où le propriétaire surplombe le passant.
Rivières d’orties entre les maisons, de lierre, de houx extrêmes vernissés,
De petits chênes, de marronniers ;
Partout autour des maisons
L’herbe toujours entretenue avec soin, tondue,
Sans arrêt
(Creuser la mer, tondre la terre…),
Tandis que le ciel ne cesse d’arroser gentiment.
Date du document : 1982
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
La musique.
À la Révolution, le citoyen-commissaire retourne les foins ; perte du bonheur disjoint ; tambours ; cocarde. La Bretagne résiste partout : Le Gallic et autres, Finis Terrae, Pleumeur, Côte Sauvage, partout…
Puis voici des Écoliers dans la cour de l’École Primaire pour la célébration de la Musique. Pas encore de névrites, ni de paquets de vers sous le scrotum. De jeunes princes volatiles, dignes armoriés de Bretagne, et que le retour ne préoccupe pas.
Leur corps est subtil. Certains sont adossés au mur pierreux du préau. Quelques-uns sourient comme on le ferait du progrès en Art ; mais tous se trouvent sans propos, à attendre…
« Quand sera-t-on vraiment soi-même ; quand d’autres viendront-ils en nous ? »
Date du document : 1984
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Osiris. Cádiz
“Taraudons bien ta chair, lecteur, toi qui t’accroupis devant Baal : un d’entre les jours les plus soleilleux de l’ancienne Taris soudain couvert te mènera à ce tournoiement de l’Eté de la fin août où revient si fort à l’aube la nostalgie vaseuse du sable vert, tandis que la dernière déambulation grise dans le barrio del puerto sera abruptement suivie de la chaleur étouffante de “La Poêle à frire”, près de Séville.
Face à la baie, vois Didier, le frère mort de Nicolaï, pourri et ressortant sous forme de verrue plantaire à la base de son gros orteil gauche avant de resurgir plus tard en de multiples contaminations internes, pour disparaître enfin définitivement à Saint-Antoine de Padoue, dans cette même salle où viendrait tendrement le cercueil de leur père, momifié par Anubis.
Et moi, la nuit, qui répètais sans cesse : “Seth, c’est toi ?”
Il ne s’agit pas du plan d’une “structure”, mais de passages, de polyèdres de la pensée. Nous ramassons ici deux ou trois versants non oppositionnels deux à deux, à la façon dont nous collectons les images, chapelet d’aiguilles éparses sur le sol, à l’aide de la puissance d’un aimant traceur, et nous en regrouperons ensuite d’autres dans un nouveau dessin. Il n’y a rien qui ne se puisse démesurer, lecteur; tout est sans cesse à étirer ; la Nature est une pâte pour l’artiste, une pâte blanche, un pain non cuit.
Date du document : 1978
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Le Futur : « À peine descendu sur le quai pour quelques heures de nuit, puis en trop-plein de chair sur la place ; seul le boulanger pêtrissant, qui m’a donné l’heure sous une pluie plus ou moins épaisse selon les endroits, était levé avant l’aube. J’allai voir sur les Champs le balaiement du phare (comme ailleurs à Queyries, à Nantes, à Dunkerque…), lequel accueille le vaisseau Argô, devenu Le Lyncée, qu’Orphée doit quitter pour La Carabela La Niña, première chose magique reçue, en me lavant, par la fenêtre maritime ; alors qu’une fois à terre, ce fut le rougeoiement interne à l’Église reclose.
Près de là, le mitronm’a donné l’heure ; c’était le seul à œuvrer. Nous sommes à débarquer dans la saison qu’on sait du fameux foin, du fumier, du foitrail, le f de la raison, la moisson incluse dans la fenaison, comme Pollock trouva (et Monet avant lui) l’équivalent de la musication en peinture.
Date du document : Hiver 1987
Quoi qu’il en soit des déclarations d’intention toujours un peu excessives, voire présomptueuses, il faudrait considérer, ce texte, Voyage Biographique, comme une sorte de réponse à la vogue de l’autobiographie qui hanta, il y a plus de vingt ans, les auteurs du Nouveau Roman qui me semblèrent alors renoncer à l’ensemble de leur projet pour revenir au psychologisme ou pour le moins au sujet fondateur qu’ils avaient combattu.
C’est donc une matière autobiographique, la mienne, qui est traitée dans ce récit par l’intermédiaire de motifs (certaines peurs ou formes de sensualité par exemple) et au moyen d’une improvisation filtrée mais continue et régulière. Il s’agissait de donner aux motifs leur élan pour les dégager des limites, personnelles ou autres, et les faire vibrer en quelque sorte dans l’extérieur, le monde ou le cosmos, suivant ce qu’on acceptera…
L’impression forte d’être traversé par des sensations, des impressions, des émotions neutres, c’est-à-dire sans véritable objet, ni sujet, d’être en quelque sorte absorbé par l’extérieur, sans intériorité donc, domine ce récit qui livre ainsi une sorte de denrée affective, proche de l’enfance (dont on ne livre, à titre d’exemple, que le tome 1 de l’ensemble qui en comporte 5).
Joël Roussiez
*
Une sorte de chose tourne inlassablement, inlassablement comme si elle cherchait à se détendre et comme si elle souffrait. Elle tourne sur elle-même, sur son propre corps, elle se contorsionne dans une pièce sombre. Le monde dehors est à peine audible. On entend le souffle lent d’une chose qui halète … Il fait chaud, très chaud, sous les couvertures. Je tourne inlassablement. Une main semble venir de loin et s’approcher de mon visage, une main qui tient un révolver et en appuie le canon sur ma tempe. Au loin, pas très loin, il y a mes pieds. Je ne m’en soucie pas. Ils sont l’un sur l’autre, croisés. Les jambes serrées nerveusement, suivent les pieds et maintiennent ainsi l’ensemble du corps en équilibre, en équilibre pas très libre, les jambes l’une sur l’autre pour maintenir le corps qui semble tourner sur lui-même. Plus haut, c’est à dire plus près de mes yeux, les cuisses s’aplatissent puis s’écartent, s’aplatissent puis s’écartent, inlassablement. Plus près encore, c’est le bas-ventre qui frémit légèrement. Au milieu, le sexe roule d’un côté, de l’autre, roule et gonfle un peu. Le ventre bat imperceptiblement sous la pulsion du sang qui passe, qui descend du cœur ou en remonte, qui suit un tuyau , un chemin tout tracé sous la peau; la peau blanche et veinée de violet bat aussi par endroit. En se rapprochant encore, c’est la poitrine qui monte, qui descend avec deux renflements, deux renflements de seins qui se froissent, se défroissent…Une palpitation à peine régulière soulève l’ensemble. Puis une main glisse, ce n’est pas vraiment une chose, elle monte le long du corps, caresse des formes, s’arrête parfois, attend, se pose sur un sexe d’homme. Elle monte, ensuite elle descend. Je ne suis ni bien, ni mal, je ne vois rien d’autre que le bout d’un nez lorsque j’essaie d’apercevoir tout un corps, un corps qui se cache sous les couvertures, qui semble vouloir tourner sur lui-même, une cuisse contre une autre cuisse pour se maintenir en équilibre. Alors, je ferme les yeux lourdement et quelque chose s’en va au loin, une chose qui tourne sans aucune raison en dehors d’un corps, en dehors de moi…
Publication : “La Main de Singe” Louis Watt-Owen
Date du document : 1992
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
La Rábida
La cafetière de cuivre rouge est bien chaude, maintenue par O’Koffee qui s’émeut les yeux humides devant les Monts ou l’ourlet gris, tous moines gras à célébrer le rassemblement efficace des lueurs divines autour de la Table du Petit Jour, à vouloir l’anonymat absolu dans une langue étrangère, la peau poreuse et ne faisant plus contour, lieu de passage et surface de renvoi, moulin à prières parmi les vents, clochette entre d’autres rumeurs alpestres !
« Tu peindras cet absolu, disent-il à l’Ogre Peintre, et ce sera plus magnifique encore que le Laocoon ! » Le matin laissait monter l’idéalité de la campagne, méditative, les différences de plans, germées… Lui pensait plutôt ailleurs bergère, accroc de chevalet dans la toile (“Je me lançais sur elle dans l’immense pièce par un mouvement projeté droit de la jambe, puis de santé le vent sur le ventre, en oblique, en descendant, sur la gauche.”)
Date du document : 1992
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Dortoir de Santoña
Cette brume dans la vallée, toute cette rumeur dans le Sud manque de terrain vague pour se retrouver étranger, comme dans le Nord.
À côté de soi, sur le lit, le Corps Inconscient, barbouillé de lettres, sombrant dans le sommeil, redevenu exceptionnellement prédateur, renard ; il faut un immense effort pour surnager… à l’aide du parfum soudain de petites roses et de belles de jour.
(“Moi, j’aime bien les lombrics. Mon frère pas trop ; mais il m’aide pour les poulardes, les grosses poulardes bien grasses !
C’est là que je donne le meilleur de mes petits bonds brillants dans les prés : je la poursuis féroce, et le frérot la guette calmement et lui saute dessus au passage. Y’a bien les pêches et d’autres fruits, mais ils sont peints moins romantiques qu’avant ; les raisins, surtout. Mon plaisir, c’est pas tellement de jouer au lancer de taupe, c’est plutôt pisser tous les cent mètres et de chier sur des pierres bien installées comme des stelles. J’ai fait ça tout le long du camp, en recouvrant les merdes des autres ; c’était amusant ! Mais y veulent plus !”)
Date du document : 1980
J’essaie d’attirer à moi une fille toute en rose : Rosa. D’autres sont collantes ; elle n’en a pas : je le sens sous l’index.
Horreur ! Les vêtements sont jetés dans de grands containers tandis que les objets personels des victimes sont amassés pour être triés, et on a du mal à convaincre les familles de quitter les lieux. Voilà très peu de temps il y avait encore de grosses rafales de neige à gros flocons par ces montagnes sur les bons gros autobus jaunes et les bulls. On aurait aimé vivre sous la terre où le soleil ne brille jamais et où dedans les maisons on replie les papiers de Noël aux mille reflets.
Malgré cela la petite Rosa me fait chanter. Ciel bleu, la merde au cul, crotte au ras embouchée. Signes frais sur les joues, maux intestinaux, logorrhée : toute cette écriture “découverte” sur elle ! De la danse en “Sylvie des forêts” elle a les salves, Rosa.
Date du document : 1991
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Le Réseau Osiris 44 à Dijon
Cela étant, supposons qu’un associé de Champlain qui n’ait connaissance ni du témoignage de Skorzeny depuis le pic du Gran Sasso, ni de la carte de neige paillettée d’argent et d’or de Henri, décroche son appareil. Après une double présélection (espace, puis temps), il se trouve relié à un sélecteur de zone situé dans la zone des neiges 22, qui sera plus tard installée par un de ses descendants (le terrible Henri, destiné malheureusement à mourir dans une humidité des neiges qu’il a toujours détestée, en Côte-d’Or). Les chercheurs discriminateurs de cette zone sont représentés sous la même forme que ceux de la zone 44, c’est-à-dire par des chercheurs dont le champ d’exploration possède deux parties, a’ et b’. La partie a’ donne accès à des lignes auxiliaires qui sortent de la zone aprè avoir traversé un circuit de discrimination temporelle, et aboutissent chacune à un sélecteur de zone géographique situé dans le centre nodal 33, alors que la partie b’ donne accès à d’autres sélecteurs de plusieurs milliers de plateaux à la fois géographiques et géologiques. On ne peut pas parler pour autant de “mémoire”.
Date du document : 1992
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Santoña
« Cristoforonépatao !
— Berlitz ? »
Je ne comprenais pas ce que voulait me dire le prisonnier Chinois en train d’éxécuter ses Taos, le matin dans la cour. C’est que pour lui, Colomb n’était pas dans le Tao. Pas de fenêtre, pas d’autrui, pas de
lointain, pour le Tao.
« L’Été : le cœur, au matin ! Terre sera rendez-vous midi. Toi travail séries : corde, sac. Priorités ! Et longues suites poings et pieds (en ligne). Préparatoires ! Jamais extension absolue, au début ! Attention articulations ! Mouvements plus lents, d’abord ! Mais katas ou bunkaï : pas gym suédoise ! Hélas, Funakoshi lui-même ! Avant tout résistance ; tireur de substance parmi d’autres, et sans chef. Si vous réclamer concepts tout faits, moi pas donner ! Kisémé : sans sabre et sans poing. À gauche : centrale atomique ! Bunkaï difficile : formes intermédiaires perdues ! Musculation avec poids, si besoin, mais surtout : exercices forêt ! Semelles lestées, petits-haltères, charges légères chevilles et poignets. Ni abdos ni pompes, principe ! Tractions remplacées par escalades. Oui. Ça Japon ; mais pensée Chine ! Oui. »
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
II. Enfants Croisés
1. Nicolas
C’est à Cologne en Hiver, que Nicolas
Au Printemps, qu’Étienne,
Lançant les leurs, soulèvent, réunissent,
Baptisent et passent à pied sec.
Tout ce qui est émotion en Europe a fui !
Cologne-Mayence-Spire-Colmar-Rhin gauche,
Alpes, Italie du Nord :
Pillage, attaques, défections…
Gênes, Pise, Brindisi :
Déflagration psychique !
Anarchie des jeunes filles et des hommes mêlés
Au Panier :
On joue de la flûte ; on jette la flûte !
Les drapeaux claquent au vent de la Mer !
Les armateurs marchands ont baisé le cul du Diable ;
Frédéric en rachète sept cents :
Jouissance dans le Seigneur !