Texte

Des Nouvelles de Pol’O - Le Bêtisier

Date du document : 7 Décembre 1998

Peu avant ce courrier, Sylvie Martigny, Onuma Nemon et Jean-Hubert Gailliot avaient publié dans Le Monde un article critique à propos de la NRLG (que l’on trouverai ici ainsi que le texte original non “réduit”), pour en dénoncer le formalisme sous des enjoliveurs prestigieux.

Il faut préciser que P. O. L. avait été averti de l’article par Gailliot qui avait largement raboté les aspects les plus violents du texte original. Et que par sa tendance à avoir toujours le cul entre deux chaises (et les appendices qui pendent ?) Le Monde avait cru bon de contrebalancer cet article critique par une défense un peu mièvre du si bien nommé Kéchichian. Toutefois P. O. L. renvoya aussitôt les volumes des deux auteurs (pour O. N. il s’agissait de Tuberculose du Roman et pour Gailliot sans doute de La Vie Magnétique ?) qui avaient été acceptés. Au téléphone P. O. L. précisa qu’il ne saurait accepter les textes d’écrivains qui critiquaient d’autres auteurs de la maison.

O. N. lui fit remarquer que cela soulignait l’aspect d’écurie (pire que l’école et à l’opposé de tout mouvement) de ses protégés, pour craindre la moindre contradiction et un texte plutôt tendre, par rapport à des distributions de baignes à la Cendrars, lui véritable homme de mouvement, mais P. O. L. maintint son refus.

Etc.
Marc Bohor.

Des Nouvelles de Pol’O
Des Nouvelles de Pol’O

Publié le 9 juillet 2010 dans document HSOR texte

États de veille. Radiophonie - Livre de Nycéphore

Date du document : 1969

Texte destiné à la radio dont la seconde partie a été perdue (on a rajouté le commentaire de cette perte, pris ailleurs, à la fin).

Marc Bohor

états de veille 1969
(paysages aperçus sous les paupières)

I.
Désormais on prendra des bains de sable.
Tout d’abord des animaux familiers ; puis le paysage devient féérique sous des pluies d’étincelles, douces manières d’amusement, traversées de tombes aimables, pâleurs roses, chutes liquides, coussins fadasses. Plus au fond : crépitements rouges, apparitions d’or et de teintes pailles, fulgurations oranges, motifs crémeux, mosaïques de carreaux bientôt en décomposition ; puis ces ensembles sont bientôt soufflés par les courants d’air frais de la soirée malgré les dispositions équilibrées balancées de part et d’autre d’axes médians, eux-même rapidement délités, filant, et le tout est repris sous la lancée statique d’arcs-en-ciel, ensuite diffusés sous forme de voix, d’ondulations de sang, de poussière bleue, quantité invraisemblable de formes parmi lesquelles jaillissent des bulles d’or avec des sons stridents.

À présent ce sont des champignons avec des sillons comme enduits de pommade, des serpentins colorés qui traversent et balaient l’espace de l’œil à travers des tissements de brume.

lire la suite…

Publié le 6 juillet 2010 dans document OGR texte

Henri & les Skyboys - Amères Loques, Livre de nouvelles de Nicolaï

Date du document : 1979

Henri et les Skyboys

Louis été déjà allé plusieurs fois à New-York avant d’avoir idée d’y faire venir travailler Henri ; il en avait même ramené des cartes peintes de deux anciens buildings, cartes toutes en hauteur de près d’une trentaine de centimètres sur dix à peine de large représentant l’Équitable Building et le Metropolitan Life Insurance Building.
Il était là au moment où les régiments de Noirs de Harlem combattants de l’Enfer s’engouffraient sous l’arc de triomphe près du Flat Iron, défilant de la 23ème à la 42ème en passant devant le spectaculaire rideau de pierres précieuses de Central Park tandis qu’un speaker fou dont la voix était diffusée par des haut-parleurs dans les rues vendait des appartements bucoliques de Queens à 150 000 dollars comme des petits pains. « Vendez-leur, disait-il, cet espoir des éléphants dans la ville qui renversent les bâtiments comme les acheteurs submergent les annonceurs ! » C’était avant que les Italiens chassent tous les noirs vers Harlem. Cole était là, et Georges aussi.
« Mon sang dans votre bouche, votre sexe dans mes veines : quelle chance ! Mes gestes réinterprêtés par votre corps. »

*

Ces textes ne font pas partie du choix opéré pour la publication du volume OGR chez Tristram en 1999. Ils ne sont pas placés ici dans l’ordre du volume définitif.
I. R.

Publié le 30 mai 2010 dans document OGR texte

Apothéose des Classeurs - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°36

Date du document : Décembre 1965

36. Apothéose des Classeurs

Je vois les Classeurs d’ici faire ;
Ce sont des guelfes, dont les palmes
Sont bleues ; armés de leur calame,
Ils sont bourreaux de Lucifer.

Macrobe est parmi eux ; Saturne,
Sénèque, et le vieillard Gaïus ;
Ils ont des formes de théâtre ;
Ils s’entretiennent tous les quatre,
Et parfois se lèchent l’anus.*

Ils classent de petites choses,
Des soucis, puis, de loin en loin
Des fragments, des gueules de roses,
Des nappes de sang, et du foin.

L’un d’eux, venu de Forêt Noire,
En Octobre, pour traverser
Sur l’arête, puis par la foire,
Vient ici pour tout renverser.

Un Autrichien gauche du Rhin
Exécute quelques calculs,
Pris d’assaut par des échecs nuls,
Reconnaissant qu’il n’est plus rien.

Classant soixante-dix couronnes
Du Un septembre Sept-Cents Quinze,
Les cahiers écrits par les Faunes
Sur leur méthode, et sur leur sinze.

Certains, aux clartés de l’Époque
Forment des spectres empoisonnés ;
Claudius est là ; voilà sonner
Les cloches, et pour Duncan les cloques !

etc.

Ce poème a déjà été publié en 1966 dans Saint-Michel & Saint-Augustin, un fascicule littéraire bordelais, puis dans les “livraisons” du Livre Poétique par Tristram-Dao dans les années 80.

Publié le 23 mars 2010 dans document OGR texte

Terre de Grogne - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°35

Date du document : Décembre 1965

35. Terre de Grogne Les hommes dans les forêts tirent
Sur leurs caoutchoucs indécents ;
C’est bon comme le somme est bon !

Dans le glossaire de leurs veines
Levant une aile ensanglantée
Entre leurs deux très gros poumons.

Seules les races se fondront
Dans l’herbe en fin de matinée
Plus chaude et fourrée de soleil.

À l’instant, le seul givre n’est
Que cette tension souveraine
Nous embarassant de buées !

Quand s’allument toutes les plaines,
Grappes noires de sensations
En bas du chemin gras de boue,

C’est une lueur dynamite,
Un humanisme paysan
Pris d’une confusion humide.

Leur soupe de poireaux s’avale
Avec des cailloux sans couleurs ;
Inaltérables forces, bris. *
etc.

Ce texte, jadis édité dans un version ultérieure plus longue (596 vers) par Tristram & DAO, dans la première partie du Livre Poétique qui faisait partie des “livraisons périodiques”, retrouve ici sa première version de 393 vers.
Il s’agit d’enfermer Dieu dans un cristal, une bouteille. La litanie produit une nappe de signifiance (plus qu’une musique) sans aucun sens nominal.
De la connotation pure sans aucune dénotation ?
Il y a des actions, même des héros, mais la question n’est pas là. C’est un bain incantatoire.
D’autres poèmes ont ainsi, à la façon japonaise, enclos quelques parcelles d’or dans une laque obscure.
Le but était pour certains lieux magiques détruits depuis (le Phœnyx d’Arlac, des passages secrets du Peugue et de la Devèze, le Grand entrepôt de Lescure…), de les sceller hermétiquement, quitte à les rendre définitivement incompréhensibles pour ceux qui ne les auraient pas connus (et qui de toute façons vont disparaître aussi), inaccessibles à jamais et lancés dans le vide pour un tournoiement infini jusqu’à ce qu’une machine à remonter le Temps surgisse.

Publié le 23 mars 2010 dans document OGR texte

Crampes. (extrait : Jo. Ciel Astral) - La Tribu des descendants d’Ossip, le Tzigane.

Date du document : 1976

Un temps Jo avait pensé à un Grand Mouvement du Cirque qui annoncerait le XXIe Siècle, réunirait toutes les familles du Cirque et qui se serait appelé &. Il renonça : trop de rivalités, trop d’excès oral du bourgeois, des activistes, des marchandises !
Dans l’ampleur du projet de Jo, il y avait un côté “bombe à retardement” qui incitait l_es plus proches_ à l’empêcher de le réaliser (et si par hasard ç’avait été formidable ?)
Chacun des domaines qu’il maîtrisait avait ses opposants, et l’étendue de son territoire les avait ainsi décuplés.

Publié le 20 février 2010 dans document OGR texte

À Tue-Tête - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°33

Date du document : 1940

**33. À Tue-Tête

V**ois, dans ce premier jour d’Allemagne dernière
Illuminé enfin des frises de l’Enfant
Vibrant son souffle de cristal et de lanières
etc. À : ce commencement de l’énigmatique Acrostiche trop gorgé de sang. Que signifie pour nous : “Vive le Père Cédent !” Connivence de chambrée ? Opération dentaire faite par le maréchal-ferrant comme c’était coutume ?
Les doigts pleins de sang, l’Artilleur Tesson, pris de l’énervement de tout maculer autour de lui, avec cette encre dont il est peu sûr, dont on suit l’hésitation en même temps que l’épuisement le long de la colonne d’acrostiche. (Détails sur l’original.)
Au fur et à mesure que l’encre disparaît de la plume, l’assurance semble venir un peu. C’est sûrement la première calligraphie du caporal que cette calligraphie d’Initale, le début d’une pratique, l’incision de l’incipit au milieu des attaques (ici réelles).
Avec toutes les maladresses, l’exposé de la double fragilité de celui-ci dans la Neige et toujours menacé.

I. Revay

Publié le 24 janvier 2010 dans document OGR texte

Crampes. Éco (extrait) - La Tribu des descendants d’Ossip, le Tzigane.

Date du document : 1975-1984

“L’ordre règne à Santiago.”
Òn y voyait le profil d’une femme maigre aux traits émaciés vêtue kaki avec un bandeau dans les cheveux portant une mitraillette également kaki moulée contre elle.
« C’est pour éviter les cheveux dans les yeux au moment de tirer, le bandeau ?
— Quel modèle !
— Quelle couverture !
— C’est fait pour brouiller la vue.
— Moi j’ai connu des modèles nus qui hurlaient lorsqu’on rentrait dans leur loge après la pose alors qu’ils étaient en train de se rhabiller ! dit Basta.
— Le mi-nu c’est toujours plus cochon, dit la dame en bleu ; le nu c’est un déguisement parfois ; ce sont les douze coups de mi-nu !
— Ohhhh ! »

etc.

Publié le 22 janvier 2010 dans document OGR texte

Mémoires du Caporal Paul Tesson - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°32

Date du document : 1939

Cette suite de vers écrits au dos de cartes postales répond dans le Livre Poétique de Nicolaï au poème de 23 vers À Garde ! 32. Mémoires du Caporal Paul Tesson

Toujours dans les sentiers les rares ambroisies,
L’obligation du front aux coulères soudaines ;
“Mon Colonel, voici vous offrir l’hérésie
D’un réserviste plein de poudres et de haines !”

etc.

Publié le 17 janvier 2010 dans document OGR texte

Chaumière du Nord (extraits) - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°31

Date du document : Septembre 1965

Ce poème de 132 vers répond à Anna Shern dans le Livre Poétique de Nicolaï.
I. Revay
31. Chaumière du Nord

Chaumière, chevreuils et hunter
“On chasse les rats !” dit Guillaume
Dans les prairies des économes
Alors qu’il attendait Gessler.

On guettera notre volaille ;
“Shooting is my plus grand pleasure !”
Blotissement que hait Blücher,
Vandale au présent de mitraille.

Et au-delà, cristallisés,
Récursoires des morts en crise,
Les arbres, splendeurs irisées,
Sucre et chocolat par endroits.

etc.

Publié le 17 janvier 2010 dans document OGR texte

En Crise (extraits) - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°29

Date du document : 23 Mars 1965

À ce poème de 108 vers de Nycéphore répond dans le Livre Poétique de Nicolaï Catéchèse.

I. Revay

29. En Crise

[…]

*

Les fastes de l’égorgement

D’une truie blanche dans la cour ;
Sous nos yeux son débordement
De vanne atroce sans secours.

L’enfer dans une faille vide,
Le hurlement populacier ;
Dans une carène d’acier
L’horreur toute neuve sans ride.

Les cadavres en rangs serrés
Que l’on projette en bas des pentes ;
Et puis tout seul ce vieux sacré :
Astapovo : fièvre quarante !

etc.

Publié le 17 janvier 2010 dans document OGR texte

Dimanche en Hiver (extraits) - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°27

Date du document : 1965

Ce poème fait pendant à Le Rêve de l’Œil Mort dans le Livre Poétique de Nicolaï.

I. Revay

27. Dimanche en Hiver

Tranquille enthousiasme à falloir
Qui colle mon œil mort pleurant.
Chassons les ombres des couloirs
Gouvernant des délicatesses
Où les lettres grattées sont grises.

Dans les dimanches d’hébétude
Des abrutis y scient des planches,
Bouffées pliées de galon vert ;
On transporte des billes noires ;
Buvards, lœthé, après-midis.

etc…

Publié le 17 janvier 2010 dans document OGR texte

Asile (extraits) - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°24

Date du document : 1965

Ce poème fait pendant chez Nicolaï à Ave Maria d’un Domini_, de la même longueur._ I. R.

24. Asile

Haine du draconcule au fond des établis ;
Puis en sortant devant les terrasses : gentianes,
Surprises des pensées aux souffles affaiblis,
Apodes hors des crasses à ramper. Ô campanes ! [………………………………………………]

Publié le 17 janvier 2010 dans document OGR texte

Les Yeux (extraits) - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°30 (extrait)

Date du document : 1965

Ce poème de 91 vers fait pendant à Prière Acceptable dans le Livre Poétique de Nicolaï. I. Revay Noël
Arrière les Lucifériens,
Saprémie de poisons putrides !
Dans les sentes de cuir humide
On se désoriente d’un rien.

On vient de choisir le sapin
Bien loin des parcs à escargots
Chez Gootfried, le Tristan des Goths,
En Alsace, avec des grappins

etc.

Publié le 3 janvier 2010 dans document OGR texte

René - Livre Poétique de Nycéphore. 1964-1984. Futur Antérieur. Poème n°23

Date du document : 1965

Ce poème de 18 vers fait pendant chez Nicolaï au poème Description d’un couple correct_, également de 18 vers._ I. R.
23. René

J’écris assis dans mon cercueil ; les morts vont vite !
Aux prés fleuris les Alpes du Bel Enfer.
Ressac et sursaut, et berceau, et sacre ;
Chaucer en route pour Canterbury.

La vie me sied mal ; la mort m’ira mieux,
Ganglions d’aisselle, prune murmurée ;
Les joies énormes dans les ombres secrètes ;
Mottes de terre de Caïn.

Publié le 15 novembre 2009 dans document OGR texte

Écoles - Livre Poétique de Nycéphore. 1964-1984. Futur Antérieur. Poème n°21

Date du document : 1965

21. Écoles !

O le temps laborieux, l’ombre de l’écriture
Mauve passée au blond futur des confitures !
Il avait son étoile et sa carte, et enfin :
Elle, au vent bleu devant la barrière en bois fin !
Si vous montez soudain l’escalier sous la voûte,
Vous meurtrit en plein front l’odeur du sang, les croûtes.
De loin on reconnait la trouée dans ses mains
(Il éprouve un défaut de langue, c’est certain.) ;
Donnez-lui à baffrer la pisse sur du pain !

Publié le 15 novembre 2009 dans document OGR texte

Ossip le Tzigane - Les Grands Ancêtres

Date du document : Après 1984

Pour ce qui est des Orpailleurs, les Garimpeiros étaient arrivés par la mer d’abord, du côté de Montpellier, et ils remontaient avec leurs retrouvailles vers l’acqueduc des Arceaux ; mais pour eux ni prostitution ni mecs armés ni violence. Curieusement il y avait toujours eu des orpailleurs dans les Cévennes et sur le Gardon. Et ça revint à la mode après 1968. En dehord du Gard beaucoup de chercheurs dans l’Ariège et dans la Dordogne, recherche minière essentielle devenue linguistique et posturale comme on le verra plus loin.

Bien avant cela Ossip qui mesurait 2m 06, né en 1820 participa à la ruée vers l’or dans le Far East en Mandchourie qui eut lieu de l’autre côté du détroit de Berring en même temps qu’au Far West, avec la mème exploitation féroce et intense.
Ossip était fort comme un Auguste ; chaque nuit il faisait son enfant naturel, se réveillant seulement en sursaut avant l’aube comme devant un foyer en feu. À la fin du XIXème il participa à la création de la République formée de chercheurs d’or russes, chinois, finlandais et français. On dit qu’il fut un créateur de cette épopée chantée fantastique des Russes en territoire chinois.

Publié le 11 novembre 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Intermède CH 2 - Tuberculose du Roman

Date du document : 1972

Ce texte a été repris dans la partie Schola de l’Ourcq des États du Monde (Ligne des Escholiers Primaires. Ligne de Didier. Saison de la Terre. )

« Et toi, qu’est-ce que tu crois qu’il fait là-dedans ? dit Smilet.
— Est-cccccccccccccccce que j’chsais ! » dit CH.
John continuait à marcher en avant-garde, et CH et Smilet étaient restés à l’arrière, à discuter.
« Qu’est-ce que tu crois qu’c’est, cette volonté de couper à travers prés?
— … …
— C’t’une métaphysique du crime. On peut le suivre dans son mouvement, c’est tout. C’est pas à cause de John que tout est dans la colle. I_l est le seul à être vraiment dans le temps_ ! C’est une phrase courte qu’il scande dans sa marche sans le savoir. S’i s’arrêtait, j’suis même plus sûr qu’il existerait ! Gamin, il disparaissait dans le charbon des trains. I fait partie de la mécanique de nos bagnoles, tu vois ! À conduire sa Terraplane d’une main et à tirer de l’autre. Rien n’obligeait vraiment à ce qu’il soit là. Aucune Histoire des Etats traversés ne prédispose à ça ; il est passé tangent à chacun. C’est pour çà, qu’i veut qu’on aille de plus en plus vite.
— Ch’sais pas, moi, dit CH. Ch’suis plutôt du genre sensible !

Publié le 13 octobre 2009 dans document OGR texte

Intermède CH - Tuberculose du Roman

Date du document : 1972

Ce texte a été repris dans la partie Schola de l’Ourcq des États du Monde (Ligne des Escholiers Primaires. Ligne de Didier. Saison de la Terre. )

« On ne peut pas avancer comme ça sans progrès, dit John.
— Co-co-comment ça demande CH. ?
— Cent trente six moins cinquante-sept, soixante dix-neuf. (Elle avait déjà pillé deux banques). Comme un enfant de sept ans. Ça va pour les curés, pas pour nous ; c’est le jugement, qui compte.
— On pouvait pas partir d’ailleurs que du milieu du pré, dit L., puisqu’on y était ; ni aboutir autre part qu’ici. Pour se repérer jusqu’au bord du lac, ensuite, ça, c’est une autre histoire !…
— Co-co-comment ça i s’appelait, le gars ?
— Manvantara, un truc comme ça. Leurs familles, c’est d’un compliqué !
— Si vous m’aviez laissé tirer un peu du lait de cette vache, au moins ! »
[………………………]

Publié le 13 octobre 2009 dans document OGR texte

Gravures - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°16 (extrait)

Date du document : 4 janvier 1965

Ce texte, comme tous ceux des Livres Poétiques font partie des Livraisons réalisées par Tristram & Dao dans les années 1990.

I. Revay

A. Prés
[…………………………………]
*

Ils sont sortis des trous d’orage,
Sanglants de crimes furieux
Sur les verts prés hantés de rage
Et grouillants de vers jusqu’aux cieux.

Les chemins sont pleins de grouillis,
De grouillements de plantations ;
Des espèces dans le brouillis
Naissent par les exaltations.

Publié le 8 octobre 2009 dans document OGR texte

Hypostase - Livre Poétique de Nycéphore. 1964-1984. Futur Antérieur. Poème n°15

Date du document : Décembre 1964

15. Hypostase

Dans le cercueil d’Hypostasie
Des chérubins brillent de hargnes ;
Lambeau, je bruis de l’Allemagne
Et dépasse des hérésies.

D’où portes-tu cette oriflamme
Issue d’un mort qui croirait digne
(On guette au coude, on sort les lames !)
D’laisser l’Empire au fils d’un cygne ?

Nous livrons ici la deuxième page d’un long poème de l’Auteur, “Hypostase”, auquel fait pendant “Lueur” de Nicolaï.

I. Revay

Publié le 17 août 2009 dans document OGR texte

Portrait de Jésus - Les Adolescents. La Bande à Jésus. Hiver

Date du document : 1974

Jésus tient son surnom d’une part de spasmes qui l’ébranlent issus de “la porte du Ciel”, d’autre part de la jouissance qu’il retire des clous.
Pour ce qui est des spasmes, il commence par ressentir une douleur vague au sommet de la tête, à ce point précis qu’en acupuncture on appelle “porte du Ciel” et que les pratiquants de iaïdo mettent à profit pour se grandir. Il lui semble que cette partie du crâne est moins épaisse que le reste, d’une consistance à peine faiblement cartilagineuse comme la fontanelle du bébé. Cependant cette portion de la paroi crânienne exerce une pression sur son cerveau telle qu’il est obligé de saisir ses cheveux à cet endroit et de les tirer de toutes ses forces pour soulever cette région et faire cesser la compression en faisant sauter les sutures comme s’il voulait se soulever lui-même par là. La douleur y est très violente et c’est là que commencent les spasmes : sa cervelle entre en ébullition. De là la sensation descend par la nuque, suit la colonne vertébrale, se répand dans les bras et les jambes, semblable à la secousse électrique que reçoit un foudroyé ; en même temps sa gorge se serre, sa poitrine se contracte et d’après ce qu’on lui a dit son visage s’anime, ses regards s’allument d’un feu étrange et sa physionomie prend une expression de stupidité sensuelle ; il éprouve un frémissement intérieur dans la verge et par une légère pression de sa main sur son bas-ventre il augmente l’intensité du spasme et en prolonge la durée.

Publié le 28 juin 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Notre-Dame en brouillon - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984. Futur Antérieur

Date du document : 1964

Texte déjà publié en 1966, puis en 1991 dans le cadre d’un ouvrage consacré à J.-N.-A. Rimbaud.
I. Revay

14. Notre Dame en Brouillon

Ciel pâle où je descends, je passe, plus de fleurs,
Bas, au-delà de la Place Ducale, en boue
Je crois qu’on reste fort par les yeux, pas de joue ;
Ombre d’église d’or et d’eau crue, ses rumeurs

Vertes dans le barrage à l’embarras gastrique ;
Mais je reste debout, moi fumeur de sapin,
Pauvre hêtre aux durées croustillantes de trique,
Qui ne fait que mâcher sa tête dans son pain !

Voir ! Plutôt les constats. La voie ferrée. Dioscures,
Laissez-moi reposer doth dépend à l’esprit,
Malgré toi ! Son dos vient à plat que ces fumures
Dans une obscurité orangée de crédit !

Publié le 28 juin 2009 dans document OGR texte

Nany se coupe - Les Adolescents. Été. 1

Date du document : 1975

À chaque fois que je me rase, je songe à la coupure que je me suis infligée voilà peu en voulant me couper la gorge, comme on marche sur des couleuvres peintes qui tout à coup partent en sifflant et sont des vipères. Et lorsque je revisse le manche de mon rasoir, curieuse synesthésie, ce sont les bronzes du monument aux Girondins qui surgissent ! Ainsi on se vrille sur soi et on creuse, quelle que soit l’heure du jour, indépendamment de toute actualité, des circonstances matérielles, et au-delà de toute nécessité, bondissant hors de la pièce exiguë où l’on se trouve. Voilà deux ans à peine, je me postais ainsi à l’écart sur les rochers brûlants de la route de Jerez pour ne pas en perdre les mérites, constatant une fois de plus la platitude des images devant les spires de cette réalité poussiéreuse, tout en ignorant comment les absorber et les retenir à tout prix !

Publié le 13 juin 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Une tasse… - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984. Futur Antérieur

Date du document : 1964

9. Une tasse…

Une tasse nous tient ; rien de l’hellébore ;
Toute une après-midi assise à remâcher
Tant que la neige fond, contre le vieux clocher,
Qu’on est allé y quérir quelque cartilage.

Je me repose ainsi qu’un vieillard qui jugule
La machine à broyer le café des fumeurs ;
La neige tombe vite, et le soir cathédrale,
L’Absent de tous ses vœux dans le noir des humeurs

Publié le 7 juin 2009 dans document OGR texte