Croquis Jardin 28 - Papier machine, crayons graphite
Date du document : 1970
Date du document : 1970
Date du document : 1970
Date du document : 1970
Date du document : 1970
Date du document : 1970
Date du document : 1970
Date du document : 14 juin 2011
Avec Roussiez on part dans l’aventure de la langue, un vrai roman d’aventures et l’aventure du roman, dans le picaresque de Don Quichotte et de Jacques le Fataliste : ce qui doit advenir advient. On est dans Le Chancellor et son présent absolu, Un Capitaine de Quinze Ans, et surtout dans la fin de la première partie de Vingt-Mille-Lieues sous les Mers, les explorations abyssales et la visite du cimetière marin.
On peut lire Un Paquebot Magnifique comme on lisait autrefois le récit du voyage du Rhin de Victor Hugo, vaste déroulement d’où surgissent les récifs des burgs mystérieux à travers des paysages crépusculaires, mille richesses historiques et des géographies à explorer, des contes qui se déploient en pop-up comme le Diable de Pécopin, ce qui correspond chez Roussiez à L’Histoire de Majnûn ou À propos de l’oiseau lapidormeur.
Chez Roussiez aussi mille savoirs de l’époque sont brassés, et l’infini écrase de temps à autre le sillage de l’aimable errance comme chez Victor Hugo la plaine de Soissons s’ouvre sur César, Clovis et Napoléon parmi des ombres qui passent ; à la faveur d’une inscription sur une pierre Jules César se transforme en Jésus-Christ.
Dans les deux ouvrages, moins d’exotisme que de dépaysement temporel, et le passage d’un itinéraire didactique à un véritable enjeu politique, je veux dire un enjeu guerrier.
J’ai la chance d’habiter dans un village dont le Saint arbore à la fois plume et épée, et suis bien heureux de constater que l’incision de Roussiez n’a rien à voir avec cette manie des ouvrages depuis quelques années dont le pseudo-héros est un écrivain ou dont le secret est un livre (éventuellement possédé par un diable aimable et mondain, un diable “Saint-Louis en l’Île”).
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(La Rumeur Libre fait partie de ces éditeur qui ne confondent pas la pensée du corps et la physiologie et préférent l’épos Roussiezien qui comporte un Z. à la socialité bêtasse. Décidément encore une petite maison sympathique de pauvres.)
Et également : Éthique de la Description et Troupeaux et Voyage
Date du document : 1986
Comment sentir les taudis de Lewisham ? Le glissement de l’eau, de l’eau sans fin ! Fabien éprouve ça. Tout est le fleuve, toute vie est le fleuve, toute œuvre est un fleuve de bois flottant. Et elle qui ne vivra plus sans lui, plus jamais sans lui : comment s’approcher de cette douleur !
Fabien se souvient en contrepoint de l’émotion cardiaque au printemps, près du château, chez Stanislas, du matin frais de lumière épanouie où il est allé au marché avec sa femme et sa petite fille pour acheter un gateau avec elles, du lit de fortune et de la chemise de nuit de lin brut de sa compagne joyeuse en comparaison de cette douleur lointaine, inaccessible de Lewisham, comme il voit un lien entre “Voyage au centre de la Terre” et “Au-dessous du volcan”. Pour lui les voyelles ne furent jamais que des ornements. Il suffit d’un carquois de flêches d’acier, d’un cable aux torsions d’acier et d’un trombone d’airin brisant l’air avec deux ou trois notes aigües. Il préfère les 200 mots de la déclaration d’indépendance américaine au 60 000 mots nécessaires à établir le détail du commerce des œufs de cane.
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Date du document : 1976
Fabien qui fait tout si bien s’était arrêté le matin au tout début de l’entraînement à cause d’une légère tendinite à la cheville droite, à peine une demie-heure passée. Il devait faire ce test sur les poumons et la gelée, pour vérifier au sommet du col si London avait vraiment raison, et si le tissu mort se détache ; ils étaient partis pour ça ; Élizabeth venait aussi d’une lignée de tuberculeux. Il ne voyait pas pourquoi il lui avait dit “Je t’aime” au col de V. : il faisait frisquet, surtout au cou, dans l’ombre du col ! cela était sorti de sa bouche comme un éjaculat, malgré le peu d’exaltation cardiaque de leur entraînement suspendu ; sa maigreur, le froid lui semblaient avoir augmenté à cette déclaration, alors qu’il avait l’impression d’être un charbonnier qui se jette un sac noirâtre sur les épaules comme une écharpe, en lâchant ça, à présent avec une charge inutile sur les pentes, en descendant. C’était aussi désagréable que quelque chose qu’on ne parvient pas à réparer ; il y avait dans les monts d’alentour une odeur de pommes pourries.
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Date du document : 1980
Date du document : 1984
Un des marins des aventures de Don Qui Domingo, au début de la Cosmologie, proche du Carpintero de la Niña.
Date du document : Mars 2011
Surréalisme.
“Il y a quelque chose de mal digéré dans le surréalisme, disait Denis Roche et c’est un stade peu important de sa digestion.” C’est sans doute l’illusion de la profondeur : celle de l’inconscient comme boîte noire autant que celle de la plupart des représentations picturales de ceux qui se réclamaient de cette école.
Au contraire chez Max on est à peine dans une épaisseur indurée de la peau, à l’endroit où se fichent les échardes ou les pinces à clamper. On est chez les fouailleurs, ceux qui crochètent les tas d’ordures à la recherche d’un aliment, les gamines du Brésil ou d’ailleurs.
Les fous sont ailleurs : ils crochètent dans le déchet en rêvant du Paradis alimentaire de Pinocchio.
“Mais quoi qu’on fasse on ne ramènera aucun trésor au jour : on ne fait que retourner de l’ordure.” me dit un parano quelconque et lyonnais. Au contraire. Et ce que les gamines cherchent, ce n’est précisèment pas de l’ordure mais un morceau de vie. Il n’y a pas à aller chercher loin : c’est ici et maintenant. C’est sans doute la leçon à tirer des révolutions arabes Facebook. À quand chez nous ? À Caen les vacances, disait Devos.
“Ça va muscler !” Le Vide de la Plaque.
À Saint-Michel, lorsque “Nez-Rouge” l’air revêche au premier pastis du matin disait “Ça va muscler !” ça voulait dire que toute cette sorte de chaos qui s’était accumulé en lui depuis quelques jours allait trouver son expression sur un lit d’hôpital… _etc.
Pour lire la suite, reportez-vous au Ça Presse n°49 de juin 2011
Cette série de Cent Cibles, semblable (selon l’auteur) à une suite de “Calendriers des Postes”, s’apparente à d’autres travaux de gravure au fusil des années 80 et à des gravures sur arbre vivant (émergence des figures de divinités à travers l’écorce).
_NDLR
Celle-ci est à Claire Viallat_
Aux Sapet.
Aux Tristram.
À Sylvie Planche.
Aux Tristram.
À Gérard Métral.
À Marc Giloux.
À Vincent Compagny.
Cette série de Cent Cibles, semblable (selon l’auteur) à une suite de “Calendriers des Postes”, s’apparente à d’autres travaux de gravure au fusil des années 80 et à des gravures sur arbre vivant (émergence des figures de divinités à travers l’écorce).
NDLR
Celle-ci est à Dominique Abensour.
Date du document : 2011
Suite de ces petits textes comme fragments d’Éternité, dont Roussiez a le secret.
O. N.
L’âme du visage
Nous passons l’éponge, effaçons ainsi ce qui s’est passé, du moins on veut le croire car sur nos visages se marquent imperceptiblement les émotions que nous vivons; sur ce tableau des impressions s’inscrivent donc les choses que nous avons vécues, non les choses matérielles mais en quelque sorte l’empreinte qu’elles laissent sur nous; et encore faudrait-il dire que passant par notre système émotif, elles lui donnent des impulsions qu’il transmet à notre peau ou grave, selon l’expression de Jean. Ceci expliquerait le vieillissement de ces dernières qui se rident tout doucement comme des parchemins… Pourquoi emprunter à l’extérieur l’état de nos cœurs, peut-être parce que nous ne sommes sûrs de rien, que nous ne souhaitons aussi rien exprimer de particulier, peut-être parce que nous ne sommes qu’une caisse qui résonne aux impulsions; en bref, nous déménageons ainsi sans cesse de nous-mêmes mais comme il est impossible de quitter nos corps, nous restons en surface, suspendus en quelque sorte entre deux lieux; c’est ainsi que la peau se fripe… L’explication des vieux était toujours amusante et le jeune Louis aimait bien les faire parler. C’est d’eux qu’il tenait ce qui semble avoir été un savoir profond « bien qu’au fond, disait-il, ce ne sont que des anecdotes »… Toute vie est transposée de sa caverne originelle vers un conteneur social, répétait le vieux Jean par exemple et Louis écoutait cela qui avait des résonances en lui mais lesquelles, on ne le sait pas. Pourquoi le vieux Jean portait-il le pantalon large des marins, ce qu’il n’avait jamais été, parce que, disait-il, le ventre du navire était sa patrie. « Je suis citoyen des pays de l’absence de gloire , je travaillais dans les soutes avec mes comparses mais ne va pas croire qu’on se sent protégé à l’intérieur de ces murailles et de ces forts, suivant l’expression qui désignait pour nous les machines et la salle de l’entreprise pour laquelle je travaillais qui fabriquait en acier des véhicules automoteur; ne va pas le croire ou t’imaginer qu’à l’heure du casse-croûte et dans l’agitation de la journée, une tranquillité s’installait dans nos cœurs comme celle du paysan qui travaille ses champs. Au contraire, Louis, il y avait dans notre fébrilité quelque chose de trop agité, on le sentait sans pourtant souhaiter suspendre l’activité de l’usine ou bien encore souhaiter partir de ce poste qui nous fermait cependant au dehors et au reste des entrepôts… » Le jeune Louis écoutait ces discours étranges qu’effaçaient les jours nouveaux sur le tableau des événements qu’on tenait à jour à la maison des informations… C’était une bâtisse, dira-t-on, à trois volets de containers sur une longueur de cent cinquante trois mètres; elle était conçue pour être déplacée suivant les besoins, ainsi sa structure était faite de colonnes et traverses en carton pour être légère. Louis, pour parler aux gens des archives et des informations qui écoutaient avec plaisir ses enthousiasmes de jeune homme, s’y rendait plutôt vers la fin de la journée quand le travail ralentit…
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Date du document : 2011
Le barde chante ce qu’il peut
Nous placions nos dieux dans les angles de nos pièces afin qu’ils ne dérangent pas et veillent ainsi discrètement sur nos vies. On plaçait haut leurs figures afin qu’elles dominent la pièce entière, cacher nos gestes à nos dieux n’avait guère d’importance mais on souhaitait pouvoir se retourner sur eux et les apercevoir à tout instant. Nous n’avions pas de rituel par lesquels nos vies auraient pris les contours d’une routine douce et prévisible, nous n’attendions aucun retour du temps, ainsi nous fallait-il une présence constante et cependant discrète… Lors de nos voyages, on emportait leurs figures dans des boîtes dont une des parois manquait afin qu’on puisse les voir plus facilement; certaines boîtes avaient un petit système qui permettait à la figure de tourner et de présenter ainsi tantôt sa face, tantôt son profil de manière analogue à celle qui paraissait à nos yeux dans les angles de nos pièces… Nos maisons n’étaient pas grandes mais on y ménageait de grandes ouvertures car il fallait que la nature y entrât le plus possible, sans cela ce qu’on craignait le plus, c’était l’enfermement.
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Date du document : 2011
Ô chauds soupirs! (Louise Labé)
J’entends à l’intérieur une bête qui grogne et secoue mon cœur sur toute la longueur de ma poitrine et je médite alors sur le temps court de ma vie. On peut être d’un autre avis et me trouver un temps à vivre long mais il me semble que j’approche de la fin et cette bête qui grogne bat le temps qu’il me reste. Elle ne grogne en effet que par à-coup mais assez régulièrement comme si…, comme si quoi? Me dis-je en me prenant les mains et secouant la tête, cela porte à méditer et cependant méditer sur quoi, quoi donc dans mon cœur bat et qui ou quoi grogne ou ronge sous les os du thorax? Qu’on me ronge les organes est une chose curieuse car je ne sens que peu de douleur et il m’est donc difficile d’imaginer un animal vivant sous l’enveloppe cutanée. Pourtant je sens que mes forces déclinent doucement et que, dès le matin, j’ai des affaiblissements de jambe qui m’obligent à m’asseoir assez vite avant de reprendre le cours normal du réveil. Pourrait-on chasser une bête pareille avec des poisons et des drogues?
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Date du document : 1984
Toute une série de paysages biffés datent de cette année-là, dont une suite prémonitoire de montagnes noires et de corbeaux.
NDLR